Pour bien saisir la pensée de l'Eglise au sujet de
la liturgie, il convient de lire les instructions dans sa totalité et ne pas
omettre, comme certains, les notes. Or, dans le cas des servants d'autel, nous
voyons qu'il est clairement dit, au n°47 des nouvelles normes liturgiques de
2004, que « les filles ou les femmes peuvent être admises à ce service de
l'autel, au jugement de l'évêque diocésain ; dans ce cas, il faut suivre les
normes établies à ce sujet (note 122) ». Que disent ces normes auxquelles fait
référence la note 122 du document et que l'on prend généralement soin d'omettre
? Elle donne des instructions pratiques en six points :
« 1) Après avoir
entendu l'avis de la Conférence des Évêques, il revient à chaque Evêque de
prendre une décision, s'il le juge bon, sur la base d¹un jugement prudentiel sur
ce qu'il convient de faire pour un développement harmonieux de la vie religieuse
dans son propre diocèse. (cela signifie que si l¹Évêque ne dit rien ou estime
qu'il n'a rien à dire à ce sujet, les filles ou les femmes ne sont pas
autorisées à servir à l'autel dans son diocèse).
2) Chaque Evêque
est appelé à prendre une décision personnelle, s'il l'estime nécessaire.
L'autorisation donnée à ce sujet par quelques Evêques ne peut nullement être
invoquée comme imposant une obligation aux autres Evêques.
3) Les
fonctions liturgiques, dont le service de l'autel, sont exercées en vertu d'une
députation temporaire, selon le jugement de l¹Évêque, sans qu'il s'agisse d'un
droit à les exercer de la part des laïcs, qu'ils soient hommes ou
femmes.
4) Lorsque l'Evêque, pour des raisons particulières, autorise
l'accès des femmes au service de l'autel, cela devra être clairement expliqué
aux fidèles, en faisant référence au can. 230 § 2 du code de droit canon de
1983, qui trouve déjà une large application dans le fait que les femmes
remplissent souvent la fonction de lecteur dans la liturgie, et peuvent être
appelées à distribuer la sainte communion, comme ministres extraordinaires de
l'Eucharistie, ainsi qu'à exercer d¹autres fonctions, comme il est prévu au can.
230 § 3.
5) Tout en respectant la décision que, pour des raisons
déterminées selon les conditions locales, certains Évêques ont adoptée, le
Saint-Siège rappelle qu'il sera toujours très opportun de suivre la noble
tradition du service de l'autel confié à de jeunes garçons, qui a eu pour effet
depuis un temps immémorial le développement des futures vocations sacerdotales.
Ainsi, l'autorisation de l'Évêque ne peut, en aucun cas, exclure du service de
l'autel les hommes, ou, en particulier les jeunes garçons. L'obligation de
continuer à favoriser l'existence de ces groupes d'enfants de choeur demeurera
donc toujours.
6) L'autorisation éventuelle de l'Evêque ne peut
pas obliger les prêtres du diocèse à faire appel aux femmes ou aux filles pour
le service de l'autel ».
Ce dernier point signifie bien qu'une éventuelle
autorisation de l'Evêque doit toujours laisser aux prêtres la liberté de ne pas
faire appel à des femmes ou des filles pour le service de l'autel.
La
liturgie de l'Eglise est une richesse à recevoir et non à construire : elle
n'est ni un lieu ni un moment de bricolages ou d'expérimentations, comme l'ont
courageusement rappelé plusieurs évêques qui ont rappelé ce que dit Vatican II :
« Personne, pas même le prêtre, ne peut, de son propre chef, enlever ou changer
quoi que ce soit dans la liturgie » (Constitution Sacrosanctum Concilium
(constitution sur la sainte liturgie du concile Vatican II) , n° 22 § 3).
Modifier la liturgie selon le bon plaisir du célébrant ou d'une équipe
liturgique est toujours un abus grave qui conduit les fidèles à être privés du
trésor que veut leur confier l'Eglise.
Au lieu de modifier sans cesse la
liturgie, essayons de comprendre le sens divin que le Saint-Esprit a voulu
donner à la liturgie. A ce moment là, on constatera les fruits nombreux et
positifs de la réforme liturgique. Respecter ce que la Tradition de l'Eglise a
établi à propos du service de l'autel, c'est se prémunir de tomber dans des
situations équivoques ou inextricables en ce qui concerne l'ordination des
femmes au sujet desquelles il a été précisé : « l'ordination sacerdotale des
femmes ne saurait être acceptée, pour des raisons tout à fait fondamentales. Ces
raisons sont notamment: l'exemple rapporté par la Sainte Ecriture du Christ qui
a choisi ses apôtres uniquement parmi les hommes ; la pratique constante de
l'Eglise qui a imité le Christ en ne choisissant que des hommes et a soutenu que
l'exclusion des femmes du sacerdoce est en accord avec le plan de Dieu sur
l'Eglise ». Par ailleurs, le fait que la très sainte Vierge Marie, Mère de Dieu
et Mère de l'Eglise, n'ait reçu ni la mission spécifique des apôtres ni le
sacerdoce ministériel montre clairement que la non-admission des femmes à
l'ordination sacerdotale ne peut pas signifier qu'elles auraient une dignité
moindre ni qu'elles seraient l'objet d'une discrimination ; mais c'est
l'observance fidèle d'une disposition qu'il faut attribuer à la Sagesse du
Seigneur de l'univers. Car c'est à la sainteté des fidèles que se trouve
totalement ordonnée la structure hiérarchique de l'Eglise. Voilà pourquoi,
rappelle la Déclaration Inter Insigniores , « le seul charisme supérieur, qui
peut et doit être désiré, c'est la charité » (I Corinthiens 12, 13). Les plus
grands dans le Royaume des Cieux, ce ne sont pas les ministres, mais les saints.
Et le Pape conclut ainsi dans la lettre au § 4 : « C'est pourquoi, afin qu'il ne
subisse aucun doute sur une question de grande importance qui concerne la
constitution divine elle-même de l'Eglise, je désire, en vertu de ma mission de
confirmer mes frères (Evangile de saint Luc 22, 32), que l'Eglise n'a en aucune
manière le pouvoir de conférer l'ordination sacerdotale à des femmes et que
cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l'Eglise
». Il faut donc que les fidèles baptisés ne cherchent pas à exercer un pouvoir
mais à se sanctifier en aimant Dieu de tout leur coeur, de toute leur âme et de
toutes leurs forces, également en respectant les commandements de Dieu et les
dont la toute-puissance et la gloire sont manifestés à travers le culte
liturgique.
Allant à l'encontre des voeux exprimés par quelques évêques
français, la Commission théologique internationale vient d'exclure (en 2002) la
possibilité de l'ordination diaconale des femmes. Après cinq années d'études,
cette Commission a précisé que les diaconesses dont on trouve mention dans
l'église primitive n'étaient pas des diacres féminins, au sens où souhaitent
l'entendre les actuels promoteurs d'un ministère sacerdotal et diaconal asexué
au sein de l'Eglise. Par le rite d'institution, les « diaconesses » exerçaient
des fonctions bien distinctes de celles des « diacres ordonnés ».
En ces
temps d'errements qui sont les notre, conserver l'unité [1] du sacrement de
l'Ordre en manifestant la distinction entre le ministère des évêques et des
prêtres et celui des diacres, est une nécessité pour l'Eglise ainsi que pour le
rôle des laïcs.
Ceci dit, il est possible de faire participer les
filles au service de l'autel en leur faisant porter une cape blanche. Elles
auront alors comme rôle de faire tout ce qui ne concerne pas le service de
l'autel : donner à l'accueil un livre ou une feuille, faire la quête, porter
pendant la procession des offrandes une fleur ou un lumignon etc... C'est donc
un rôle complémentaire qu'il y a entre les servants d'autels homme et femme
comme il y avait du temps du Christ une complémentarité entre les disciples du
Christ et les saintes femmes qui suivaient le Christ.
Auteur :
François LUGAN
Copyright : Association « Apostolat Sainte Thérèse », site
Internet http://www.tresordelafoi.org
[1] Cf. Conseil Pontifical
pour l'interprétation des Textes Législatifs, Responsio ad propositum dubium, 11
juillet 1992 : AAS 86 (1994) pp. 541-542 ; Congrégation pour le Culte Divin et
la Discipline des Sacrements, Lettre aux Présidents des Conférences des Évêques
sur les fonctions liturgiques exercées par des laïcs, 15 mars 1994 : Notitiae 30
(1994) pp. 333-335, 347-348 ; Lettre à un Evêque, 27 juillet 2001: Notitiae 38
(2002) 46-5 ; Normes liturgiques de 2004 numéro 44 à la fin sur le rôle des
laïcs.